Plongeons dans le théâtre...

Nastasia entendit le clocher sonner six heures, elle pressa le pas. Chaque jeudi c’était le même petit rituel… Elle quittait rapidement le cours de sociologie, pour partir vers le Bolchoï. Le début de l’automne s’accompagnait de ce vent glacial que cette terre connaissait si bien. La nuit serait bientôt là peut être avec la neige… Cette pensée lui fit resserrer son long manteau blanc. Et les oreilles attentives auraient remarqué comme la mélodie de ses pas s’accélérait sur le trottoir glissant.

Comme toujours Nastasia reconnue la mince silhouette de Christoff, qui l’attendait en haut de la rue. En à peine un mois il avait prit cette habitude sans un mot. Et à chaque foi qu’elle l’interrogeait su regard il se bornait à hausser les épaules en plantant son regard bleu acier dans le sien. Elle, ne répliquait rien, elle appréciait cette présence furtive qui la rassurait dans le calme du quartier.

Qu’avaient en commun ? Cette rencontre involontaire. Une curiosité que chacun avait apporté l’autre. Il était fils de paysan il avait quitté sa terre pour l’Art. Un tempérament romantique aurait probablement adorée ce jeune homme amoureux de la beauté. Pour Nastasia il s’agissait plus de perplexité… pourquoi quitter une vie si bien tracé ? Il n’avait rien répondu. Lui demandant ce qu’elle faisait à ce cours si le théâtre avait si peu de considération à ses yeux. Cette foi c’est elle qui avait gardé le secret.

Ils entraient maintenant dans le théâtre. La chaleur les accueillit comme un bras protecteur. Les lumières allumées et le concierge leur adressa un rapide signe de tête en partant avec son ballait vers la cage d’escalier. Il acceptait de recevoir le petit groupe chaque semaine. Trois autres élèves était déjà assis sur le parquet de bois de la scène. Ils discutaient simplement se racontant les derniers évènements.

Nastasia laissa son compagnon de route les rejoindre. Quant à elle, elle se dirigea vers le premier rang du public, pour y déposer ses affaires. Et il y en avait… le sac, l’écharpe, le manteau, les gants. Attentive aux détails la jeune femme remit sa robe de cachemire en place, la faisant glisser le long de son corps jusqu'aux genoux. Puis le col roulé soigneusement replié.

Et alors qu’elle attrapait une bouteille dans son sac une lueur attira son regard. Elle releva doucement la tête intriguée. Evidement Nastasia décida d’aller vérifier ce qui causait cette lumière inhabituelle. Son pas gracieux remonta toute la salle vers la sortie des spectateurs. D’un mouvement ferme elle repoussa la porte tout en entendant la voix d’une camarade.

-« Nastasia ou vas-tu ? »

L’intéressée l’ignora. Elle observait ce mur. Il était… étrange. Il semblait flou.

Elle pensa tout de suite aux théories de son père aux roman futuriste. Cela ne la choquait pas. Elle avait été éduquer avec toutes ces idées. Comme elle l’avait supposé le mur laissa sa main le « traverser ».

*Alors on tente l’expérience.*

Aussitôt décidé elle avança vers l’inconnu.

**

Quand Nastasia put enfin rouvrir ses yeux consciemment tout avait changé. Un formidable flux d’adrénaline la traversa tout entière. Tous ses sens enregistraient la nouveauté avec un empressement déroutant. Et alors qu’elle pouvait lire de l’anglais un peu partout un clocher se fit entendre… dix coups.

Elle esquiva un passant de justesse et se retrancha sous le proche d’une boutique. La vitrine présentait la nouvelle collection, de l’hiver 1955. La jeune russe resta là plusieurs minutes à étudier les vêtements, à comprendre leur signification.

-« J’ai remonté le temps… »

-« Good night mie lady. » :lui répondit un vieil homme lui adressant un charmant salut en soulevant son chapeau. Elle lui sourit séduite par cette classe distinguée. Il parlait anglais. Elle était en Angleterre donc ? Il fallait qu’elle capte le plus d’information possible.

Un tour d’horizon lui permit de repérer une enseigne : Rose TheaterLà elle éclata d’un rire sonore. *Quand je dirais ça à Chritoff.*

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A dix heures du soir le théâtre serait probablement occupé par une représentation. De l’autre côté de la rue se présentait la vitrine accueillante d’un petit café. Nastasia cacha les mains sous ses bras et marcha tranquillement jusqu’à son entrée.

En fait aucun impératif ne l’obligeait en rien puisqu’elle n’avait aucune envie de penser à un retour. Alors dans cette rue inconnue elle se gorgea silencieusement de ce spectacle insolite. Tout était si… ancien. Sous son regard de jeune étudiante du XXI la ville passait pour un vieux décor de cinémas.

Les voitures encore grossière dans leur forme faisait un bruit identifiable à la ronde. Les panneaux tout droit d’Amérique arrivait le dernier film de J. Ford, Permission jusqu’à l’aube. Un film sur une section armée apparemment. Nastasia s’arrêta un instant pour observer l’image. Ils étaient tous si jeunes sur l’image. Dans son monde la plupart avait été oubliés.

Et juste à côté une affiche annonçait la fin définitive des restreintes alimentaires. Si longtemps après le conflit. La jeune femme étudia les visages des passants. Oui ils avaient tous le visage un peu terne. Preuve d’une certaine privation. Pourtant leurs traits n’étaient pas tristes. Il lui montrait même ce calme si anglais le flegmatisme pur.

Elle poussa doucement la porte de l’établissement. La pièce était sombre cossus. Il y avait un bar ou deux hommes discutaient verre à la main. Et au cœur de la salle une allée par laquelle aller vers les tables. Toutes étaient rondes en bois foncés. On avait surement voulut garder un style vieillot. Si ils avaient sut comme l’effet était autantique pour elle !

Vers le fond une table discrètement posée contre le mur l’attendait presque. Elle marcha sur le bois craqua faisait claquer ses pas. Et au lieu de se sentir gêné elle décida d’en jouer. Ici personne ne la connaîtrait jamais. Un sourire hautain aux lèvres Nastasia prit place en croisant négligemment les jambes. Un coude sur la table lui permit de poser délicatement son menton dans une main souple. Et là tel le Penseur elle étudia cette société qui vivait autour d’elle, s’en qu’elle puisse réellement y prendre part.

Une légère pluie commença à tomber dans toute la ville. Et la jeune russe suivit du regard le trajet de gouttes abandonnées sur la vitre froide par laquelle elle étudiait ce monde. Souvent elle pouvait rester des heures ainsi silencieuse à ne rien faire… en apparence. Car il ne s’agissait que d’une façade comme tout ce qu’elle donnait à voir la plupart du temps. En vérité son esprit partait dans une analyse sérieuse de ce qu’elle était entrain d’expérimenter. Combien d’homme avait tenté de faire ce qu’elle vivait comme un accident ?

Avec un père scientifique elle avait put parcourir une bibliothèque riche en ouvrages sur le sujet. Les théories n’étaient pas à la portées de ses connaissances mais sa curiosité lui avait permit de repérer les noms comme Marllan Scully ou autre. D’avoir une vague idée de ce qui se passait au-delà des frontières terrestres.

Une voix polie attira son attention. Elle tourna gracieusement la tête vers un serveur qui lui souriait. Après quelques secondes en suspend elle se souvient de la situation et remit la langue anglaise en fonctionnement entre ses lèvres.

-« Pardon… j’aimerais… j’aimerais un café s’il vous plait. Avec un peu de laid. Essayons le style anglais. »

L’employé lui sourit en inclinant la tête. Puis se rendit vers le bar ou il se mit en devoir de préparer la boisson. En le regardant faire de loin Nastasia aperçue sur une table abandonnée un journal plié. Le London Daily. Curieuse de voir ce que pouvait donner un exemplaire du jour datant pour elle d’environ 58 ans elle se leva pour aller le prendre.

Quand sa main se posa sur la une, une autre s’en éloigna prestement. Ses yeux gris se levaient vers un jeun anglais qui l’observait confus. Il avait tout le style anglais costume simple quoi que très bien porté cravate lâche. Des cheveux sombres en bataille et une peau presque aussi laiteuse que la sienne.

-« Excusez moi mademoiselle, je ne pensais pas que… enfin. »

Elle souriait sous cape devant cette gêne charmante. Comme à son habitude elle détaillait son interlocuteur sans vergogne. Il le voyait bien et cela augmentait son mal aise. La jeune russe lui sourit avec un rien de séduction avant de répondre sur le ton de la bonne humeur.

-« Ce n’est rien. Je m’intéressais juste à ce que pouvais vivre votre belle péninsule. »

Cet aveu sembla déclencher quelque chose chez son interlocuteur. Il lui répondit vivement avec un entrain tout nouveau.

-« Je me disais bien que votre silhouette avait quelque chose d’exotique. »
Exotique oui.

Il jeta un coup d’œil vers un coin de la salle que Nastasia n’avait pas aperçue en entrant. Il était renfoncée et là une langue table à peut être huit place était occupée par une fringante jeunesse anglophone. Il était cinq tous dans le même âge apparemment étudiants. L’un d’eux fit un petit clin d’œil à son interlocuteur avec un sourire amusé. La jeune russe sourit aussi comprenant.

La jeun homme posa de nouveau ses yeux verts sur elle et demanda avec une simplicité déconcertante.

-« Est-ce que vous vous joindriez à nous ? Ainsi vous saurez de vive voix de que vie l’Angleterre. »

Elle n’hésita pas. En guise de réponse elle lui tandis le journal et avança de sa démarche sur vers le groupe qui les observait. Il y avait deux filles et trois garçons. Tous avaient devant eux une bière et l’accueillit avec un rien de curiosité. Le jeune homme (qui s’appelait Thomas entendit telle) lui proposa sa place à côté d’un camarade et alla s’assoir sur la banquet juste en face d’elle.

Tous l’observait à la dérobée. Elle prit les devant et annonça dans son anglais légèrement roulant.

-« Je m’appelle Nastasia

Chacun se présenta avec simplicité et joie de vivre. Ils étaient tous étudiant en droit et venaient ici prendre un verre chaque soir de la semaine. Thomas avoua un peu plus tard qu’il l’avait vue entrer le premier et avait été intrigué immédiatement. Le serveur sans un mot lui déposa sa tasse devant elle et s’inclina avec classe. Ses doigts entourèrent le récipient recherchant sa chaleur. Et elle les écouta. Ils étaient tous pleins d’optimisme et de projet. Ils lui parlaient comme à une amie sans soucis de ses origines. C’était une soirée aussi simple et vraie que si elle avait été des leur depuis des mois. La vie était pleine de surprise. Qui aurait cru qu’elle trouverait de tels interlocuteurs tant d’années avant son existence.

Minuit sonna. Nastasia se rendit compte que le temps passait un peu trop vite. Thomas et ses amis étaient charmants. Et elle se serait bien vue rester là pour une petite éternité. Il était intéressant d’entendre leur opinion sur tout ce qui c’était passé juste avant leur naissance. Ils avaient une conscience de la guerre comme celle de ses propres parents. Car bien que aucun n’aient été présent chacun en sentait la marque brulante dans le cœur de ses parents. Ainsi elle rencontrait une haine de la guerre beaucoup plus franche que les petits pacifistes de son époque.

Cet engagement la séduit. Et bientôt ils se mirent à débattre sur l’avenir qu’ils aimeraient créer. Plusieurs fois Nastasia résista à son envie de répliquer. Elle savait déjà tout ce qui allait se passer… les conflits les découvertes. C’était déroutant de les entendre espérer en sachant pertinemment qu’ils seraient déçus. Et pourtant la jeune russe n’avoua jamais. Sans qu’aucune règle ne lui fût dictée, elle avait l’intuition que parler serait une erreur.

Peut être craignait elle cet effet papillon que certains chercheur prenaient en ligne de conduite… ce qui la dérangeait c’était plutôt de ne pas savoir exactement ce qu’elle devait faire ici. Ecouter ? Aucun besoin d’un saut temporel pour cela. Apprendre peut être ? Confronter ses cours d’histoire à une réalité. Cette théorie était la plus intéressante à ses yeux. Car qui d’autre que les contemporains des évènements pouvaient en donner une substance authentique ?

**

Ses compagnons de boissons se levaient un à un pour prendre congé. Thomas resta. Le dernier. Il semblait peu désireux de partir. Peut être avait il comprit avant Nastasia que cette rencontre serait aussi éphémère que la vie d’un papillon. Et que s’il ne savait rien d’elle maintenant, alors il ne le serait jamais.

-« Croyez-vous au hasard ? »

-« Non. Tout a une cause et une conséquence. »

Il la regardait songeur. Elle était différente. Comme si elle avait trop vécut. Le peu de réponses qu’il avait réussit à obtenir restaient si logique et si assurées, qu’on aurait pensé à des prédictions. Etrange. Il retenait toute sa curiosité derrière un regard des plus claires. Tout ce qu’il désirait c’était connaître cette personne en face de lui. Sa différence le fascinait.

Nastasia se battait elle contre ses propres envies. Retenant ses gestes ses mots dans la peur de briser ce fil fragile qu’ils tissaient en quelques heures. Car il y a des instants dans une vie ou il n’est besoin de rien d’autre, que de deux êtres qui se croisent et se découvre. Elle n’avait jamais eut l’instinct des rencontres. Ses relations se faisaient sur le long terme dans un apprivoisement consentant l’un de l’autre. Mais ce soir notre voyageuse voulait laisser courir le temps.

Il se leva et lui proposa une dernière ballade, ne sachant s’il pouvait réclamer plus. Elle accepta. Dans le froid de la nuit leur deux corps marchèrent coller l’un à l’autre. La rue était calme les passants rares. Il lui parlait des derniers films qu’il avait vus et dont elle ignorait tout. Et dans son entrain il partait dans des envolées touchantes d’un romantisme presque enfantin.

En passant devant une libraire, Thomas s’arrêta soudainement.

-« Voilà ce que je veux faire plus tard. »

Ecrire. Combien avait ce rêve. Trop. Pourtant Nastasia eut l’intime certitude que lui réussirait. Il avait cette soif. Celle de l’excellence. Celle qui vous ouvre toutes les portes et vous promet un avenir. Il poussa la porte Londres et aussi une ville de la nuit. En fait dans une envie le jeune homme voulait partager sa récente lecture. Un livre français d’un certain… peu importe…

Au moment ou la jeune fille allait le suivre la porte perdit toute sa substance. Et dans qu’elle ne le veuille vraiment Nastasia traversa le temps.

Thomas se retourna pour voir son absence. Disparue. A jamais il se souvint de ces quelques heures.

**

Quand elle rouvrit les yeux Nastasia retrouva les toilettes du théâtre. Un instant elle ne put bouger. Pourquoi était-elle ainsi revenue ? Alors qu’elle était si bien… à sa place prés de ce quasi inconnu. Un douloureux sentiment de frustration l’envahit. Pourquoi lui faire découvrir tout ça pour la ramener aussi brutalement ? C’était… injuste.

-« Nastasia ? Mais que fais-tu enfin ? Ca fait dix minutes que tu es là…. Est-ce que ça va ? »

-« Oui… ça va. »

**

La vie avait reprit. Dix jours que ce voyage c’était produit. Dix jours pour y penser. Elle avait cherchée la porte. En vain. Et ce matin elle était prête à croire qu’il ne s’agissait que d’un rêve. Que son esprit l’avait emmené loin plus loin qu’elle ne l’aurait cru pensable.

C’est alors qu’un groupe d’étudiant la croisa. Ils sortaient d’une librairie. Son cœur fit un bon quand l’idée folle la submergea. Et si…

Nastasia entra dans la boutique. Et sans un mot elle se dirigea vers le rayon de la littérature anglaise. Ses yeux parcouraient les noms avec une excitation croissant. L puis N, enfin M… Ma… McNeil, Thomas McNeil. Ses doigts tremblant saisir le livre. Tout s’arrêta. La jeune fille n’en croyait pas ses yeux. C’était lui. Sur le dos à côté d’un résumé. Il était plus vieux bien sur, mais elle le reconnaissait. Ce regard vert. Oui. Il l’avait fait. Cela seulement la remplissait d’une joie immense.

[i]Joie qui se transforma en trouble lorsqu’elle lut enfin le titre.

Une rencontre à Londres un soir d’hivers.

Son pou s’accéléra. Elle ouvrit l’ouvrage. Lut les quelques mots en dédicace sur la première page.

« à Nastasia »

Deux mots. Deux uniques mots. Elle était touchée. Rien ne n'aurait put plus l'atteindre. Il lui avait offert cet ouvrage. A elle rencontre insolite. Le passée se souvenait d'elle. Nastasia ne put agir retant à contempler ces signes nnoirs sur la page qui lui disait tant. Alors ce voyage avait créé. Et bien plus...

» Une nuit peu commune dans une chambre nuptial... [Pv Nao]